Jean L. et ses 2cv: histoires vecues.
Nous retrouvons avec grand plaisir Jean L ; Aprés nous avoir fait partager ses emotions au volant de son UMAP, Jean nous livre ci dessous avec beaucoup d'humour et un vrai talent quelques uns de ses souvenirs a propos de ses 2cv.
"Avant l’UMAP les 2cv avaient excité mon coté créatif. En ces temps anciens, je parle des années 56/57 il fallait attendre 5 ans pour avoir une 2 cv. Autre alternative : commander une DS pour en avoir une. Avec en prime le sourire narquois du concessionnaire. C’est en partie pour ça que je n’ai jamais aimé les DS.
Les opportunités professionnelles firent que mon épouse alla s’installer dans les Vosges . Je devais lui trouver une voiture, de préférence originale. Par chance le fils du conces. Citroën étant un de mes amis, je pus obtenir assez rapidement un châssis-moteur 2 cv neuf et une caisse ,accidentée depuis peu, fut découpée de façon a obtenir un roadster 2 places. Les temps étant durs, j’avais fait l’impasse sur une ouverture de coffre a l’ arrière, de sorte qu’il fallait enfiler les bagages par les places avant.
Je vois ce que vous pensez ! Mais si j’avais serré sur l’ouverture arrière ,je m’étais rattrapé sur le look. La réalisation finale donnait un très joli cabrio bleu marine avec capote blanche et phares chromés.
Juste terminée, sans essai préalable,direction les Vosges vers mon épouse. C’était l’automne,j’étais parti en fin de journée, sous une pluie battante . Le voyage était fatiguant, mais un goutte a goutte sur le genou gauche me tenait éveillé. Une option que je n’avais pas demandé.......
L’arrivée triomphale sur laquelle j’avais fantasmé n’eut pas lieu, car arrivant a 1 heure du mat sous des trombes d’eau, je m’étais précipité sur la porte d’entrée,et de là ma femme et moi contemplions la merveille garée en face qui comme un chien battu qu’on a laissé dehors, supportait toute l’eau du ciel qui s’abattait sur elle. Un instant elle me fit pitié mais la vue des phares chromés qui brillaient dans la nuit, me remonta le moral et je commençais a regarder autour de moi les récipients qui pourraient me servir le lendemain pour écoper l’eau du goutte a goutte qui avait transformé l’auto en baignoire. Les mecs ont en général des caisses nickel . Les caisses des nanas ont une grosse similitude avec celles des chiffonniers. Mon épouse, qui ne faisait pas exception a la règle enfournait dans la partie arrière tout un bric a brac y compris une multitude de pièces de monnaie. Chaque ralentissement ou coup de frein ramenait immanquablement tout cet attirail sous mes pieds. Lorsqu’elle conduisait, je me livrais a un jeu qui, s’il n’était pas des plus spirituels, avait le mérite de faire rire au moins une personne: Moi. Je ramassais ce qui me tombait sous la main pour le balancer par la vitre. La monnaie était en général pour les auto-stoppeurs, le reste pour les passants. Ce qui mettait une certaine ambiance dans l’habitacle !!
A la belle saison j’empruntais le cabrio pour me rendre en Allemagne.L’ascension du col de la Schlucht en 2 pattes demandait une certaine patience, mais au retour la descente sur Gérarmer était un régal. A fond dans les virages et Fangio n’était pas mon cousin. La deuche se couchait d’un coté et de l’autre mais ne s’endormait pas pour autant. J’ai même doublé une Rolls une fois. Cette victoire quoi que non homologuée n’en est pas moins certaine.
Cependant ,je dois avouer un petit accrochage avec cette voiture. Je me trouvais dans une rue de Paris et je devais tourner a gauche. Au bout de la rue ou j’étais je vis une tête blonde qui se préparait a sortir d’une autre 2 cv. Les portes avant de ces voitures sont appelées “portes suicide”. Personnellement je leur avais donné le nom de “portes du bonheur” car pour les hommes elles étaient souvent l’ouverture aux fantasmes. Pour descendre, les femmes devaient exécuter un mouvement de jambes qui donnait vision sur une intimité dont les regards sournois de la gent masculine ne perdaient pas une miette. Aussi sournois que les autres, j’avais ralenti pour ne rien perdre du spectacle, mais dès l’ouverture de sa portière je vis d’un coup d’oeil que la personne ne correspondait pas du tout a la catégorie recherchée et qu’un tableau navrant risquait de me gâcher la journée. Aussi, je tournais résolument a gauche sans regarder a droite et crac! une 4cv avait accroché mon aile droite. Descendu pour m’excuser j’eu en face un monsieur très poli qui était navré d’avoir embouti une si jolie auto. La sienne étant une voiture de société sans importance pour lui.
J’ai eu d’autres 2cv en seconde voiture mais toutes m’ont laissé des souvenirs drôles qui me font encore sourire . L’ennui dans les voitures, c’est que chacun veut y apposer son empreinte avec plus ou moins de gout. Un peu plus d’un an après ma femme la fit repeindre en jaune. Après tout, la voiture et tout le bric a brac qu’elle véhiculait était a elle. La couleur jaune citron qu’elle avait choisi donnait un air baba cool avant l’heure a ma création. Mais peut-être était-ce ma punition pour avoir balancé tant de choses par la portière ? Toujours est-il qu’a partir de ce moment j’avais baptisé la deuche : LA CHOSE.
Mais je viens de réaliser une omission que j’ai faite : La mort de la 2cv qui fait partie intégrante de l’histoire.
Ci-dessous suite et fin. De profondis !
Je pense que le destin doit frapper toute chose inesthétique et cette pensée profonde vit un jour sa finalité. Mon épouse avait, comme d’habitude, garé sa voiture devant son cabinet. Mais ce jour-là il advint qu’un camion de pompier passait par là en trombe et grand renfort de sirène. Le conducteur perdit le contrôle de son engin qui s’en alla exploser LA CHOSE qui se répandit sur la chaussée avec tout le fatras qui entreposait ma femme. Je n’étais pas présent mais vu la quantité d’objets qui avait voltigé dans le paysage on a du penser qu’il y avait plusieurs morts. C’est ainsi que LA CHOSE qui fut belle, perdit la vie.
Les voitures ont, depuis toujours, fait partie de mes passions que l’on peut quantifier avec le chiffre 4 En vrac ça donne a peu près ceci : L’Art, les femmes, les voitures et les armes. La dedans il n’a pas photo. Bien sur qu’on faisait beaucoup de photos a cette époque. Mais j’avais la flemme de trainer un appareil et de consacrer du temps aux prises de vues. Il y a plusieurs belles voitures que j’ai possédé dont je n’ai aucune photos. Je regrette de n’en avoir aucune de la 2 cv dont il est question ici. Dans mon entourage, je ne connais pas de personnes ayant détesté les 2cv. Elles furent l’image d’une époque et leur coté pratique plut a tous. Leurs qualités routières aussi, entre autre sur neige et verglas ou elles étaient imbattables. Avec les pneus a clous de cette époque on pouvait rouler “a donf” sur le verglas et grimper toutes les pentes. Joyeuse voiture pour une joyeuse époque ! Personnellement, la voiture de ma vie est un spider Alfa du début des années 60. J’en possédais un a cette époque, je l’ai revendu, je l’ai regretté mais il y a 16 ans j’ai pu en retrouver un parfaitement restauré que j’utilise surtout a la belle saison. Et malgré les Ferrari, Porsche, Mercédes, BMW sans compter les autres, c’est cette voiture que j’ai le plus de plaisir a piloter. L’année dernière j’ai revendu une Porsche récente car rouler a 90 avec ces autos est frustrant. Mais je préférais mon spider Alfa. Pour le fun, j’ai une 205 gti restaurée a 100 pour 100 avec laquelle on peut jouer sur les petites routes. Pas de doute, les voitures anciennes possédaient un charme que n’auront jamais les actuelles.
Qu’en pensez-vous ?"
Cordialement
Jean L.